dimanche 21 avril 2013

Petite chronique d'une campagne (presque) ordinaire et des comptes du MEDEF...


J’ai bien senti une inquiétude chez mes lecteurs, attentifs au silence de mon blog. Pas d’inquiétudes, non, je n'ai pas été séquestrée dans le parking du MEDEF, voici mon billet hebdomadaire après quinze jours denses.

Que s’est-il passé depuis 15 jours ? En fait, tout s’est concentré la semaine dernière :

-          Lundi 15 avril, grosse journée. L’un des candidats (Pierre Gattaz, dit Pierrot) organisait une soirée de campagne / soutien à la Mutualité (euh ?). Le point amusant, c’est que des instructions très claires ont été données aux permanents du MEDEF : interdiction d’y aller. Officiellement pour ne pas prendre parti. Et, d’après ce que je sais, dans la salle, les instructions ont été suivies. Sauf par les prestataires du MEDEF qui eux, étaient présents (faut bien savoir ce qui se passe). Cela a donné lieu à quelques passes d’armes de twitt amusantes à suivre. La presse semble en revanche avoir décidé que Gattazou serait le candidat poujado-droite (et multiplie donc les articles sur ce thème). L’utilisation du mot « combat » dont il a fait un usage immodéré au départ. Bon, cela dit, il ne fait rien pour arranger les choses – il a même subtilement changé son slogan de campagne passant d’un assez neutre « osons l’entreprise » à un plus revendicatif « libérons l’entreprise ». C’est certain que c’est plus clair, mais pas forcément moins à droite…
-          Par conséquence, Jojo (Geoffroy Roux de Bezieu), à qui l’on peut désormais décerner le titre de BogoBobo en chef (Beau Gosse, Bourgeois Bohème) a en urgence publié / fait fuiter sa liste de 300 soutiens de patrons (avec l’aide active de Marc Landré son afficionados Figarien). Problème, d’après ce qui se dit, certains « soutiens » n’étaient même pas au courant qu’ils étaient sur la liste (et certains ne le voulaient pas). Pas grave, Jojo, ce qui l’intéresse, c’est de communiquer et de passer dans les média. Le réalité ou le fond du message, c’est pas son problème… Rebondissements à suivre ??
-          Mardi 16 avril. Assemblée Générale du MEDEF. Approbation des comptes. Et là, du pur bonheur. Un numéro extraordinaire de ShiShi (le trésorie, Schilansky) et de la Reine. Alors, ShiShi (je résumé) : « En 2011, nous avions eu un déficit exceptionnel de 30 000 euros essentiellement dû à l'organisation du B20. Cette année, nous revenons à un solde positif de 300 000 euros. Nous avons eu des dépenses stables, et des cotisations en hausse de 500 000 euros. La hausse des cotisations est liée au fait que certains nouveaux adhérents arrivent en année pleine. Bref tout va bien, les comptes du MEDEF sont solides, rigoureux, transparents... »
Euh, vous avez suivi ?
Moi j'ai un peu de mal. Je résume : en 2011, nous avons le B20 qui a coûté environ 1 million d’euros (960 000 euros d’après les comptes 2011). Malgré cela, on termine avec un petit déficit -30KE. En 2012, on a des cotisations qui augmentent, des dépenses « stables », exit le B20 à financer et… ben on termine juste à + 300KE. Euh, coco, tu es certaine de toi là ? Je sais que t’es une littéraire, mais quand même.

Alors, quand on regarde les comptes, on apprécie les « dépenses stables » puisque hors B20, celles-ci passent de 36,21 millions à … 37,47 millions (+3,4%). Attention, la subtilité est de ne pas se baser uniquement sur le rapport 2012 et son comparatif de colonne 2012/2011. En effet, dans un souci de « transparence » qui honore Shishi, la colonne 2011 intègre dans les dépenses, sans les détailler, celles du B20… on peut donc afficher sans rire que les dépenses 2012 sont à 37,47 millions d’euros, alors que celle de 2011 à 37,17 millions d’euros, d’où la stabilité. Vous suivez les enfants ? Alors, qu’est-ce qui augmente ?
Simple : les salaires et charges qui passent tout de même de 25,21 millions d’euros en 2010 à 25,68 millions d’euros en 2011 (+1,8%), puis 26,47 millions d’euros en 2012 (+3%). Ben, ce n’est pas que de l’augmentation pour les permanents (je vous le confirme). Alors ?? Et autre poste de dépense qui explose : les « opérations spéciales » (c’est pas beau ça !). Eh oui,  on passe de 1,91 millions en 2011 à 1,94 millions en 2012, sauf que le chiffre 2011 intègre… le fameux B20 (donc 0,96). En vrai, ca donne : 1,05 millions en 2010, à 0,95 millions en 2011 et… 1,94 millions en 2012. Plus qu’un doublement… Reine, oh ma Reine, c’est quoi des « opérations spéciales » ???
Pour ceux que ça amuse :

-          Jeudi, UIMM et FFB. Audition des candidats. Surprise : JCV (Jean-Claude Volot, pas Vandamme) se retire en faveur de Pierrot Gattazou (Le jour de l’audition à l’UIMM, et dans Les Echos, c’est pas très fin quand même…). Bon, le résultat, vous le connaissez : la FFB ne dit rien (mais va soutenir du bout des lèvres Berni, même si d’après ce qui se dit, il n’a pas été bon). L’UIMM, on a eu le résultat : Pierrot (Gattaz) : 149 voix, Freddy (Frédéric St Geours) : 69 voix, Jojo (Roux de Bezieu) : 5 voix. Ce qui frappe : le zéro pointé de Berni (Bernasconi) alors qu’il se positionnait un peu comme Freddy en champion du dialogue social et qu’il a travaillé avec l’UIMM sur l’accord « historique » (c’est pas gentil de ne pas soutenir ses amis). Le 5 pour Jojo, qui correspond en fait au vote d’une personne ayant 5 voix (histoire d’énerver tout le monde). La raclée de Freddy puisque les permanents en étaient réduits à collecter les pouvoirs en blanc pendant la pause du déjeuner pour qu’il ne soit pas trop sèchement battu. Conclusion : le MEDEF de combat a gagné…

Et sinon pour finir, cette semaine la Reine a multiplié les conciliabules avec les derniers des mohicans afin de trouver un moyen désespéré pour peser sur l'élection. La dernière trouvaille en date c'est de lancer des rumeurs de nouvelles candidatures. (Une femme, un homme). A part les derniers relais fidèles d'Anton, la sauce ne semble pas vraiment prendre. A suivre.

Le MEDEF est un monde impitoyable…


dimanche 7 avril 2013

Le Royaume des Ambitions, des petits mensonges et des Rumeurs.



La Reine n’ayant pas réussi à convaincre les vassaux de lui accorder l’élixir de longévité, elle s’est retirée dans ses appartements et regarde (énervée et un peu amusée mais pas découragée) le bal des ambitions se dévoiler.

Car, maintenant que la Reine s’efface, les plus courageux se lancent en tonitruant d’autant plus qu’ils ont du temps à rattraper. Cette semaine, nous avons donc eu droit à un tir groupé de Paaaatrick Bernasconi (dit Iago) -jeudi- et Frédéric St Geours (dit Fredy) -vendredi-. Comme ils sont un peu formatés pareils (ou ont les mêmes communicants), ça a pris la forme d’une belle interview dans… Le Figaro (original). En fait, la précipitation de l’annonce et la similitude tant des formes, des discours et des profils des deux candidats a créé un effet d’optique intéressant pour les lecteurs du Figaro (j’en suis, j’avoue). Une sorte de répétition à 24h près (genre « un jour sans fin » version MEDEF – l’horreur, je préfère le jour de la marmotte).

L’originalité de l’interview est venue (effet Cahuzac ? peut-être) des questions sur leurs rémunérations. Et là, courage fuyons, demi vérités et petits oublis :

-          D’abord Paatrick, qui déclare sans rire dans le Figaro, à la question « combien gagnez-vous ? » : « Dans mon entreprise, 5000 euros net par mois, sans prime ni dividende. ». Euh ? Alors, là, ça a laissé plus d’un membre du patronat sans voix, mais légèrement sceptique. D’ailleurs, le lendemain, sur Europe 1, Elkabach est revenu dessus et a posé la question insidieuse « Vous n’avez pas d’autres revenus ? ». Réponse un peu plus embarrassée de Paaatrick : « je n’ai pas de comptes en Suisse » (euh, c’est pas la question, coco), puis lâche : « j’ai d’autres entreprises, j’ai d’autres mandats. Ma déclaration d’impôts 2011, elle est claire, c’est 200 000 euros. ». Oui, d’accord, jusqu’au prochain épisode. On n’est quand même pas tout à fait à 5000 euros net par mois, c’est juste 2,5 fois plus, ou je ne sais plus compter…
-          Ensuite, le vendredi, Fredy a eu droit à la même question (dit donc, le Figaro, ils se prennent pour des socialos ou quoi ?). En passant, on remarquera que le Fredy, lui, se prend pour le Président de la France et veut faire des économies de 100 milliards d’euros grâce au dialogue social (euh, coco, on peut éviter de prendre les lecteurs pour des buses, s’il te plaît). Revenons à la question « Combien gagnez-vous ? » (si, si la même que pour Paaatrick), réponse « 44.000 euros net par mois pour la partie fixe, dont 20.000 euros versés au titre de l'impôt sur le revenu. » A mon avis, il faut virer les communicants. Croire que personne n’est capable de trouver tout seul de 44KE net par mois, ça doit faire du 740 KE brut annuel (et encore, il est peut-être payé sur 13 ou 14 mois), et mélanger allégrement avec l’impôt pour faire pleurer, c’est un peu pathétique. Quant à ajouter : « J'ai une part de rémunération variable à laquelle nous avons renoncé chez Peugeot depuis plusieurs années. », c’est ne pas avoir lu l’usine nouvelle qui indiquait dans son portrait : « En 2011, il a perçu 1 266 000 euros, mais cette rémunération a dû baisser de moitié l’an passé, car le directoire ne se verse plus de variable depuis l’exercice 2011. » On appréciera le « plusieurs années »…

Bien, alors, maintenant que Le Figaro se prend pour Libération, j’espère qu’ils vont poser la même question à tous les candidats et à La Reine (il n’y a pas de raison)…

Sur la partie Rumeurs, je ne peux résister au plaisir de vous donner celles qui courent dans le Royaume actuellement (La Médéfie est tout de même le Royaume des rumeurs). Alors :
-          Sur le passé : le vote du CE qui a abouti au fameux résultat du 22, 22, balle au centre, n’aurait pas été aussi exemplaire que cela. D’aucuns s’étonnent d’un seul bulletin blanc, alors que plusieurs votants avaient indiqué en plus ou moins privé, leur intention de voter blanc. Bref, depuis, le Royaume bruisse des rumeurs contradictoires de manipulations, fraudes et autres manœuvres électorales. L’intérêt c’est qu’avec ce résultat, aucun des deux camps n’a envie de remettre le sujet à l’ordre du jour, donc la rumeur devrait s’éteindre d’elle-même.
-          Sur le futur : il se constate que les conditions de l’élection, et notamment le dossier de candidature n’est toujours pas formalisé. Or, il faudra recueillir 50 signatures « de membres de l’AG ayant voix délibérative », c'est-à-dire les personnes désignées par les Fédérations ou les Territoires pour voter (il y a souvent le président du territoire ou de la Fédé, mais pas seulement). Et alors ? Eh bien, avec une élection au plus tard le 1er juillet (date de celle de 2010) et deux mois de campagne, il faudra avoir remis le dossier complet avant le 1er mai (donc le 30 avril). Résumons : le CE exceptionnel ayant écarté la Reine date du 28 mars, on est le 6 avril, et rien n’est sorti. Question : sont-ils mauvais ou est-ce volontaire ? Quel intérêt me direz-vous ? Simple : écarter les « petits » candidats, ceux qui vont vraiment aller à la pêche aux signatures parce qu’ils ne sont pas président de fédération : Lambel, Volot, Lanxade. S’ils n’ont pas la liste, ils ne peuvent pas commencer à démarcher et comme il faut du temps et que le mois d’avril va être tronqué par les vacances d’avril (les vacances scolaires de la zone B commencent le 13 avril, celle de la zone A le 20, et celle  de la zone C, le 27)… Si c’est vrai, c’est méchant… Mais ça ne déplait pas aux quatre autres (dont il se dit, et c’est la troisième rumeur) que certains des quatre auraient déjà cette liste et auraient commencé à récolter les signatures (voir rumeur suivante). Non, ça, je ne peux pas y croire. A moins que ce soit la manière qu’ait choisi la Reine de jouer son rôle de « garante de l’élection »…
-          Sur le présent, c’est l’interrogation forte au MEDEF sur la candidature de Paatrick : son surnom est-il Iago ou Medvedev ? en d’autres termes, est-il le traître flamboyant d’Othello (contrairement à ce que j’ai entendu dans les couloirs du MEDEF, je ne pensais pas au perroquet du dessin animé Aladdin en écrivant cela), ou est-il la marionnette de La Reine Poutine ? La question peut se poser depuis que La Reine ne semble pas lui tenir rigueur de sa défection et que les communicants du MEDEF s’activent en sous-main. Ca devient compliqué à suivre ? Et encore, je ne vous parle pas de l’hypothèse d’un accord secret Bernasconi-St Geours pour contrer l’hydre libérale Gattaz-Kessler… Ce sera pour la prochaine fois.

A suivre.

lundi 1 avril 2013

Les forces en présence



La Reine forcée à se retirer (provisoirement) du jeu, analysons les forces en présence dans le jeu du Go de l’élection MEDEF. Rassurons néanmoins les lecteurs de ce Blog, personne ne croit sérieusement que la Reine est hors-jeu. Elle s’est (temporairement) effacée, mais son retour (probable) n’en sera que plus triomphant !

Alors, qui, quoi, quand ?

A tout seigneur, tout honneur : Frédy St Geours, Patron de l’UIMM, salarié de PSA, énarque, ancien de cabinets sous des gouvernements de Gauche. Bref, que des qualités pour présider le MEDEF. Il ne manquerait plus qu’il soit fonctionnaire détaché pour parfaire le tableau. Autre intérêt : une vision essentiellement sociale des questions (la marque de fabrique de l’UIMM). Pour ceux qui voulait un MEDEF centré sur les questions économiques, c’est loupé. A titre personnel, j’envisage de transformer mon bureau en panic room, parce qu’avec lui on risque de voir souvent la CGT Aulnay envahir les locaux.

Paaaaatrick Bernasconi. Chef d’entreprise, patron de la FNTP, négociateur social de l’accord dit « historique », fan des dépenses publiques (faut dire, son entreprise en vit), urbain et sympathique (si, si). Là, c’est mieux, mais encore une vision très sociale, peu économique et largement dépendant des dépenses publiques (donc soumis potentiellement aux pressions de l’Etat).Surtout son positionnement vis-à-vis de la Reine n’est pas très clair. Et si c’était lui le Medvedev qu’attendait la Reine ? (il lui en faudra un). On se souvient qu’il avait d’abord déclaré qu’il ne se présenterait pas si Lolo rempilait (courage, fuyons). Au dernier moment, alors que les chances de la Reine diminuaient fortement, Bernarlermit s’était subitement prononcé contre la réforme des statuts. Juste à temps pour ne pas ruiner totalement ses chances en cas de vote contre. 
Pas sûr que la Reine le lui pardonne.

Geoffroy Roux de Bezieux (dit Jojo). Serial entrepreneur, beau gosse (moi, j’aime bien), vaguement dilettante, adorant les média (et adorant surtout se montrer). Le genre « j’achète, je vends », fan de schumpeter (et de la destruction créatrice). Bref, archétype de l’entrepreneur « nouvelle économie » : l’entreprise vue comme un moyen de s’enrichir vite, plus que comme une création de richesse collective. A d’ailleurs revendu ses boites plutôt que de les développer (cf phone House). C’est pas ça qui va redorer le blason des entrepreneurs.

Pierre Gattaz (dit Pierrot). Mono entrepreneur, sympathique (si, si), a développé sa boite dans la durée et plutôt bien (a créé des emplois en France, presqu’un exploit par les temps qui courent). Passe pour un patron radin, mais proche de ses salariés. Très économique, ne comprenant rien aux négociations sociales (et disant que ça ne l’intéresse pas). Bref, l’exact opposé de Frédy. On le dit proche de la droite la moins décomplexée, en tous les cas, libéral dans l’âme (ce qui n’est pas forcément un mal pour le MEDEF). Difficile à suivre quand il parle (trop vite, trop confus). Fils de son père (yvon Gattaz), donc ça ressemble un peu à une dynastie.

Je passe sur les autres « petits » candidats – je les prie de m’en excuser, je sais que ça ne se fait pas, mais je suis un peu pressée ce soir.

Voilà donc pour les candidats déclarés (Jojo et Pierrot) et putatifs (Frédy et Paaaatrick). Bon, et la Reine ? Eh ben, elle a décidé de peser sur l’élection. Comment ? Mais simplement en prenant partie, voir en négociant sa future place (on la connaît), histoire d’attendre un poste politique digne de ce nom. A suivre je vous dis, à suivre…