dimanche 17 mars 2013

Y-a-t-il encore un patron au patronat ?


Ce qui me fascine dans la séquence Medefienne actuelle est qu’on peut se demander s’il y a encore un patron au patronat. La Reine semble les avoir tous anesthésiés et ils sont prêts à accepter tout (et son contraire) sans broncher.

Reprenons :

-          Le 2 mars dernier, Laurence Parisot exprime sa volonté de rester à la tête du MEDEF. Elle le fait dans Le Monde, lors d’une grande interview après une semaine médiatique chaotique de vrai/pas vrai qui laisse plus d’un observateur sceptique. On y apprend, ce qu’on subodorait depuis un moment, que la Reine ne veut pas se prolonger de 2 ans, mais bien se représenter pour un troisième mandat. Et le titre « J’ai l’audace d’espérer pouvoir être candidate » est une formule aux petits oignons – bravo aux communicants capables de faire passer la Reine pour une jeune fille timide. Pas de soucis me direz-vous. Certes, sauf que cela  fait 3 mois qu’elle dit tout et son contraire (« je n’ai pas pris ma décision », etc.) et que le débat change radicalement de nature. Jusqu’à présent, la Reine disait vouloir corriger une « anomalie » des statuts (qu’elle a elle-même introduite en 2007), maintenant, c’est un troisième mandat qu’elle brigue. Elle dénonce le fait qu’on la compare à Poutine. Elle a raison. Lui au moins avait mis un comparse à la tête de l’empire, pour respecter sa constitution (ses statuts à lui). C’est plutôt à Chavez qui convient de la comparer (mais vue l’actualité, on ne va pas insister). Rappelons en passant que le respect de l’alternance est un des fondements du principe démocratique (ainsi que les limitations de mandats qui évitent toute dérive monarchique- trop tard). Bon, mais le propos n’est pas là, ce qui est surprenant c’est qu’aucun des membres du CE, pourtant prompts à s’émouvoir de tout ce qui risque de mettre à mal « l’unité patronale » ne s’émeut d’une annonce de candidature dans la presse. La moindre des choses aurait été de prévenir le CE avant, mais visiblement, ça passe.

-          Cette semaine, c’est par une dépêche AFP que les membres du CE apprennent comment la procédure de vote va se passer : une intervention du président du Comité Statutaire puis un CE exceptionnel le 28 mars. L’ordre du jour du CE est diffusé le vendredi matin simplement après la dépêche envoyée le jeudi (pour une fois que ce n’est pas le samedi matin). Là encore, personne ne moufte. Ce qui leur semblerait impardonnable dans leurs propres entreprises ou Fédérations apparaît normal dès qu’il s’agit du MEDEF.

-          Samedi enfin, dans le magazine du Monde, grand portrait de Laurence Parisot, « la politique dans la peau ». Du bel ouvrage de communicant. A peine critique. Où l’on comprend finalement que l’hypothèse Parisot arrange pas mal de monde : le PS et le Gouvernement en premier lieu (qui n’a pas envie d’un MEDEF plus combatif), le monde des grands patrons (en partie), etc, etc. Bon timing pour le CE du 18 mars. Tiens, le Monde fait la campagne de la Reine ? Mais que fait Le Figaro ?

Alors que va-t-il se passer dans la semaine ?

Simple :

-          lundi 18 mars Conseil Executif. Le président du comité statutaire va expliquer les conclusions. En gros : on peut changer les statuts et voilà ce qu’on peut faire. Question : est-ce un avis unanime ou majoritaire ? L’info n’est pas claire. Les plus courageux vont prendre de belles postures et dire… bravo, Laurence on t’aime,  mais là, c’est pas possible. Elle va poliment écouter, redire son amour de la démocratie, expliquer qu’elle souhaite se représenter car elle a le plus d’expérience en la période actuelle, qu’elle se sacrifie car c’est un vrai sacrifice d’être présidente du MEDEF (elle est attaquée par des blogs anonymes !), qu’elle se languit de son entreprise, etc. Elle veut respecter la démocratie, c’est pour ça qu’elle propose de changer les statuts (argumentation imparable). Puis, on va passer à autre chose.

-          Le jeudi 28 mars, CE exceptionnel. Là, on verra si les membres du CE arrivent à avoir un vote à bulletin secret. Si oui, le résultat est incertain, si non, la Reine se maintient. Cela dit, même à bulletin secret, ils ont intérêt à être présent au moment du dépouillement et de rendre public le résultat dans la foulée. Sinon…

Eh bien, on est presqu’au bout de l’exercice. Reconnaissons tout de même à la machine médiatique du MEDEF d’avoir réussi à anesthésier les autres candidats (on n’en entend plus parler). Toute la presse se focalise sur le combat de la Reine pour se maintenir au pouvoir. Fascinant…

dimanche 10 mars 2013

La reine fait feu de tout bois


Rendons hommage à la Reine Laurence : elle n’a aucune limite. Qu’importe qu’elle fracasse son jouet actuel, l’essentiel étant de gagner, dans un champ de ruines peut-être, mais elle aura toujours les honneurs, la presse, la voiture et le chauffeur, l’avion privé lors des déplacements, les courtisans pléthoriques, alors, l’image du MEDEF…

Comme tout s’accélère, on a du mal à suivre. Petit résumé :

Le weekend dernier, nous avons eu l’épisode du Comité d’Ethique. Quel épisode ? Simplement,  que le Comité d’Ethique du MEDEF a indiqué qu’il était contre l’idée de changer les statuts et de maintenir la Reine au pouvoir (je résume). La Reine s’est offusquée, arguant que le Comité avait donné son avis sans qu’on le lui demande. Pourtant la feuille de route du comité d'éthique précise que ce comité "bénéficie d’une large autonomie et d’une grande indépendance par rapport aux autres commissions et comités du MEDEF" . Ben oui, n’est-ce point le propre d’un comité d’Ethique de donner un avis hors de toute saisine ? Si maintenant, l’éthique se donne sur commande et seulement quand ça arrange, on appelle cela autrement… Conséquence : le Président et plusieurs membres ont démissionné. "L'entourage" de Lolo a bien entendu essayé de minimiser l'affaire en contrôlant la fuite dans les médias, mais difficile de torpiller les membres d'une instance qu'elle a elle-même nommé. Après ça, je n'aimerais pas être dans la peau des membres du comité statutaire...

Mercredi, convention UIMM qui parlait de son projet pour le MEDEF. Tout le monde attendait que Frédéric St Geours (PSA) se déclare, mais il ne l’a pas fait. Il a juste rappelé à Laurence qu’elle devait arrêter. En réponse, le lendemain, des salariés de PSA ont envahi l’UIMM. Un coup d’Anne Méaux ? Non, je plaisante, juste une conséquence de PSA…Heureusement qu'Havas est là pour bosser les éléments de langage, parce ce que la candidature va devenir compliquée à justifier.

Jeudi, la Lettre A publie d'ailleurs les conseils des écuries en lice. Alors :
·         Pour La Reine, Anne Méaux et son cabinet Image 7, Paul Boury et Patricia Chapelotte (Albera conseil). Excusez du peu.
·         Pour FSG, Stéphane Fouks (Havas). Euh, oui mais il n’est pas candidat aux dernières nouvelles, FSG.
·         Pour Geoffroy Roux de Bezieux, à nouveau Havas et Lysios. Il n’y a pas conflit d’intérêt là ?
Les autres semblent ne pas utiliser de grands noms et bricolent.
Alors, la question à 1000 euros : qui paye tout ça ? Y a-t-il un petit conflit entre les organisations et les candidats ? On ne peut y croire… Bien entendu que tout est payé par les candidats en direct. Voyons !
Non seulement Lolo est parée des plus beaux conseillers mais elle bénéfice surtout largement de l'appareil interne ; l'évangélisation de l'accord emploi offrant un bon prétexte pour faire campagne au frais du MEDEF et ainsi fouler pour la première fois en 8 ans certaines terres d'électeurs.
Autre exemple de mélange de genre, le blog personnel à la gloire de Lolo qui appartient au MEDEF et est mis à jour en interne. http://www.laurence-parisot.com/

Toujours Jeudi, grosse rigolade quand on apprend que le Grand Orient (les francs maçons) va recevoir Laurence Parisot le 11 avril en grande pompe pour une conférence sur « Dépasser les antagonismes pour construire une société apaisée et prospère ». Moi, je dis, un thème comme ça, à ce moment-là, ça ne s’invente pas. Les pères La morale qui reçoivent la Reine Lolo, putschiste dans l’âme, sans même une hésitation, ça se fête. Cela dit, qu’attendre d’autres de gens qui n’auront accepté les femmes qu’après des années de discussions – et encore, pas de gaité de coeur. Alors, que va-t-on dealer lors de cette soirée ? Du business ? Des postes ? de l’influence ? Au moment où le président du comité d'éthique, également à la tête des entrepreneurs chtiens s'oppose courageusement au putsch, le Grand Orient donne ainsi une vision toute particulière de la démocratie et de l'importance qu'il accorde à ses propres valeurs. Du rififi chez les frangins en perspective...

A part ça, la Reine fait feu de tout bois, va sur toutes les télés, dit tout et son contraire, occupe l’espace médiatique, accuse tout le monde de lui en vouloir, dénonce les campagnes anonymes sur internet. Bref, fait son show. Et, de manière sidérante, la presse semble laisser faire avec complaisance. Vous me direz, ça fait vendre, alors…

Mais la blague la plus drôle reste le prix de l'e-reputation décerné à Lolo. Et La Reine d'ajouter dans Métro :"Je suis prudente sur twitter". Tu m'étonnes. Surtout quand Victoria Diaz fait le job à sa place. Visiblement le jury confond nombre de followers et e-reputation. Au village, sans prétention, j'ai mauvaise réputation...

Prochaine étape : le Conseil Executif du 18 mars. On attend toujours l’avis du Comité Statutaire… Mais il ne saurait tarder. A moins que les « sages », piqués à vif par le comité d’ethique, se rebellent. Peu de chance cela dit.

A suivre.

samedi 2 mars 2013

Mais qui est Victoria Diaz ?


Sans m’attarder sur l’énorme plantage de la stratégie de com de La Reine Lolo cette semaine (Les journalistes du Monde n’en sont toujours pas revenus), une question me taraude depuis quelques jours : 

Mais qui est @VictoriaDiaz100 ? 

Visiblement je ne suis pas la seule à tweeter anonymement depuis le MEDEF (d'ailleurs, je ne le fais plus).

Laurence Parisot, dans son article désormais fameux du Monde, se plaint des attaques anonymes et indique : « J'ai encouragé comme personne l'expression libre dans notre mouvement : mais elle se doit d'être visible et identifiable. Il est temps de dire stop à ces manoeuvres souterraines. »

Enfin, « l’expression libre », ça dépend pour qui. Pas pour les salariés licenciés de manière abusive ou peu correcte (le MEDEF a été condamné aux prudhommes). Pour les permanents (pardon, les serfs), la notion « d’expression libre » est relative.

Mais plutôt que de se plaindre des anonymes qui la défient, Laurence Parisot ferait mieux de s’interroger sur les anonymes qui la soutiennent, et notamment de la célébrissime (sur twitter), Victoria Diaz (@VictoriaDiaz100). Il s’agit visiblement d’une toute proche quand on regarde les tweets de ces derniers jours :

Elle était donc à Rungis vendredi matin avec LP :
« @VictoriaDiaz100: @marclandre , Vs êtes somnambule Bel Ami?Votre papier est déjà prêt!À 5 h , ns serons dans le Ventre de Paris auprès de la France laborieuse ».
Nous savons tous que La Reine est toujours accompagnée d’au moins 10 personnes pour ses déplacements, mais je doute qu’un membre du cercle restreint oserait tweeter aussi librement sans un ordre express.

Elle est favorable à LP, au point de s’impliquer dans son combat :
« @VictoriaDiaz100: @marclandre , Ah mais non!La prochaine fois,c'est le Medef qui vous promet de faire mieux. Et dés cette nuit à Rungis , nous triompherons! »

Elle connaissait l’interview avant sa publication et n’aime pas Frédéric St Geours (mais ce n’est pas la seule) :
« @VictoriaDiaz100: @marclandre @fannyguinochet , Frédéric St Geours c'est bien le patron de PSA ? Oui , l interview est faite et belle journée ! »
« @marclandre @fannyguinochet, Quel est le déficit de PSA ? Si jamais le site Medef/Bosquet venait à fermer comme à Aulnay, tragique .. »

Elle se prend régulièrement le bec avec @Patron_bitter, un soutien pas très subtil de Pierre Gattaz.

Elle flirte régulièrement avec Marc Landré, journaliste infatigable et tweeteur compulsif (ou l’inverse). 

Ah, ah, je vois que certains songent aux deux téléphones portables que La Reine manipule frénétiquement sans cesse et imaginent déjà une personnalité plus proche d’un Nixon que d’un De Gaulle.Ou serait-ce Rosine ? Ce qui revient au même me direz-vous.

Hypothèse osée quand on voit ce qu’écrit la nommée Victoria Diaz sur ses autres nombreux tweets.

Petit florilège sur les derniers jours (pas la peine de remonter loin) :

« @VictoriaDiaz100: @Alienor64 @jcjcraymond @crusader_peter , L Islam ne tient que sur les petro-$ des dictatures , bombardons la Mecque plutôt que Tombouctou .

@VictoriaDiaz100: 1000 chômeurs par jour et la presse s'interroge sur le potentiel humoristique d'un incompétent notoire plein de morgue et de dédain figé

@VictoriaDiaz100: @micheledelaunay , Il faudrait qu'il eût du charme pour être drôle or Hollande est l'homme le plus dénué de charme de toute l'Europe .

@VictoriaDiaz100: Le fanfaron châtré obsédé par celui qui autrefois offrait des orgasmes à Marianne . L'ex amant en était prodigue .Demi-molle a des vapeurs..

@VictoriaDiaz100: Quand Peillon ouvre une école c'est comme s'il ouvrait l'annexe d'une prison . L'anti-Hugo , l'égalitarisme entre mongoliens .

@VictoriaDiaz100: Je crois qu'on a une sérieuse fêlure dans l axe Paris-Berlin . Notons pour nous rassurer l axe Paris -Athènes -Aube Dorée .

@VictoriaDiaz100: N Demorand , demeuré au demeurant est une de ces petites teignes bouffies de bêtise confite et de suffisance suintante , la haine frigide .

@VictoriaDiaz100: C est qui ce rastaquouère ? On dirait un ch'ti qui s est offert un pedigree teuton .  Achtung Baby Siegfried , Heïli-heïlo ..


dimanche 24 février 2013

Nom de code "rubicon"



Au-delà des caricatures comparant La Reine de MEDEFie à Poutine ou à Chavez, Laurence Parisot a vraisemblablement d’autres sources d’inspirations plus acceptables.

- Rosine, ma Rosine, suis-je la meilleure Présidente que le MEDEF ait connu ?
- Laurence, ma Laurence, bien entendu !
- Rosine, ma Rosine, Comment le faire comprendre à mes fidèles sujets ?
- Laurence, ma Laurence, fais comme Napoléon le petit.

Non seulement le surnom lui va comme un gant, mais les similitudes avec l’ennemi de Victor Hugo sont frappantes. Trop frappantes pour qu’elles aient échappé à sa gourou, férue d’histoire et de Philosophie politique. Les évènements récents confirment la tactique à l’œuvre depuis l’élection Présidentielle, et dont on avait déjà pu comprendre la mécanique lors de l’affaire des pigeons.

Petit exercice de comparaison (et pour mémoire, la page wikipedia sur la question : http://fr.wikipedia.org/wiki/Coup_d'%C3%89tat_du_2_d%C3%A9cembre_1851http://fr.wikipedia.org/wiki/Coup_d'%C3%89tat_du_2_d%C3%A9cembre_1851) :

  • Louis-Napoléon Bonaparte fut le premier Président français élu au Suffrage Universel

Laurence Parisot a été la première à bénéficier du nouveau système d’élection démocratique instauré par son prédécesseur Ernest Antoine Seillière. Un système qu’elle ne s’est pas privé de modifier au cours de son premier mandat pour favoriser sa réélection , créant ainsi elle-même la supposée « aberration anti démocratique » qu’elle conteste aujourd’hui (http://www.marianne.net/Parisot-plus-forte-que-Poutine-_a225796.html )

  • En 1851, Louis-Napoléon Bonaparte, conserve le pouvoir à quelques mois de la fin de son mandat, alors que la Constitution de la Deuxième République lui interdisait de se représenter. Le coup d’Etat du 2 décembre n’est que le point final de plusieurs mois de tentatives infructueuses pour réviser la Constitution en sa faveur (allongement du mandat, possibilité de se représenter…)

Laurence Parisot, à quelques mois de la fin de son mandat et de l’élection, entreprend une réforme des statuts du MEDEF lui permettant de rester à la tête de l’organisation. (Oui Oui je sais, elle n’a « pas encore pris sa décision ».)

  • Pour justifier son coup d’Etat et tordre le cou à la Constitution de la République, LNP (comme tous les dictateurs et les révolutionnaires) invoque le soutien du peuple à travers le Plébiscite, instrumentalise les difficultés que traverse le pays et pointe les dysfonctionnements de la deuxième République (réels pour le coup).

Laurence  Parisot utilise les mêmes méthodes, maintes fois éprouvées :
- S’attribuer le succès des négociateurs de l’Accord Emploi, et survendre sa portée historique, en espérant faire passer la modification des statuts en catimini (Loupé !).
- Pointer du doigt une prétendue anomalie dans les statuts (plus c’est gros, plus ça marche).
- Invoquer en permanence l’Etat d’urgence / la situation dramatique pour mieux revendiquer les pleins pouvoirs. Avec la rhétorique qui l’accompagne : « On ne change pas de capitaine dans la tempête… » - à noter une évolution récente dans cette rhétorique « on ne change pas une équipe dans la tempête… » (elle a compris que le MEDEF est sensible à la notion d’équipe).
- Jeter de l’huile sur le feu (Affaires des pigeons, PLF2013, transposition de l’accord Emploi ; avec radicalisation des messages. Au moment où la CGPME devient presque progressiste. Un comble !).
- Etre omniprésente dans les médias, partout, sur tout, et surtout empêcher qu’on pose les questions qui fâchent (la dernière Assemblée Permanente a été une grande démonstration).
- Faire le tour de France pour rallier les indécis, officiellement pour expliquer l’accord sur l’emploi. Mais bon, rien n’empêche une bonne discussion explicative après.
- laisser faire Anne pour la petite musique dans les médias : « il n’y a pas de candidats sérieux » + brandir le spectre Kessler (pour le côté revival), ou St Geours (pour le côté revanche de l’industrie) + faire quelques articles flatteurs sur sa prétendue habileté dans les négos (si le coup d’état est trop visible, autant faire en sorte que les cyniques y trouvent la preuve d’une forme d’habileté).

Toujours dans la technique, remarquez bien que dès qu’il s’agit de dramatiser et que ça peut énerver en interne, Lolo prend bien garde de ne rien dire publiquement et de s’abriter derrière son confortable « entourage ». Ça permet de corriger la ligne ou de démentir si besoin. Le dernier exemple en date a été la dramaturgie de la « mauvaise transposition ».

En résumé, il ne manque plus que l’Appel au peuple du 2 décembre 1851 pour ressembler tout à fait à Napoléon III, mais nul doute que la Reine Lolo ne manquera d’appeler ses copains journalistes pour parfaire le tableau. Espérons pour le MEDEF et les entreprises que tout cela se terminera mieux qu’à Sedan.

samedi 16 février 2013

La stratégie du mépris

Lorsqu'on lit les déclarations de Laurence Parisot sur les raisons qui la poussent à changer les statuts, on ne peut être qu'étonnée et abasourdie par le mépris dont elle fait preuve vis à vis des électeurs, des candidats, de l'institution.

Reprenons l'argumentaire :
1/ Il y a des échéances cruciales (grandes négos à venir) et nous sommes en crise économique.
2/ Il faut quelqu'un d'expérimentée à la barre et en plus, "on ne change pas un capitaine dans la tempête".
3/ Je suis prête à me sacrifier - si vraiment vous me le demandez (mais c'est déjà fait) et pour un temps limité (deux ans - elle ne précise pas combien de fois renouvellables).

Tout cela est sympathique et pourrait faire sourire si ce n'était pas sérieux. Car quoi ? Avec des raisonnements comme cela, Nicolas aurait confisqué (avec raison) l'élection présidentielle de mai dernier. Cette rhétorique  révèle surtout le manque d'arguments objectifs pour justifier le putsch, et il vaudrait mieux pour tout le monde que Laurence finisse par donner la vraie raison : "J'ai pris goût au pouvoir, je n'ai rien de mieux à faire après le MEDEF, et en plus, je pense que tous les autres sont nuls, donc je suis sincèrement persuadée d'être indispensable."

Cette posture de mépris est tout de même dangereuse car elle part de l'idée que tous (monde patronal, électeur, simple citoyen) sont incapables de réfléchir par eux-mêmes.
Car quoi ?
1/ Il y a des échéances cruciales ? Il y en a toujours, on est toujours en train de modifier et de discuter de quelque chose. Aujourd'hui la situation est plus tendue qu'hier, certes, mais elle l'a été plus à certaines époques.
2/ Il faut quelqu'un d'expérimenté ? Oui, mais de quelle expérience parle-t-on ? De chef d'entreprise ? Lanxade, Volot et Gattaz peuvent s'en prévaloir plus que Laurence elle-même après 8 ans passée à plein temps à la tête du MEDEF. De gestion d'organisation patronale ? Gattaz baigne dedans depuis 15 ans. De négociation avec les partenaires privés et public ? Volot n'est pas le plus mauvais, mais tous savent le faire. De la connaissance des dossiers ? Voyons, comme si la présidente ou le président était seul à la barre. C'est faire preuve d'un mépris total vis à vis des autres élus et des permanents qui préparent les notes, les analyses, les réflexions qui sont ensuite portées (je le prends mal, j'avoue).
3/ Laurence est prête à se sacrifier ? Tant mieux pour elle, mais personne ne le lui demande - en tous les cas, personne de sensée.

Après 8 ans, le patronat a surtout besoin de respiration et de renouveau.

Alors, quelle stratégie pour imposer ses vues ?
La solution la plus simple est donc de provoquer la crise, de faire en sorte que le réflexe panurgien, tellement répandu dans nos organisations, joue à fond. La tentative de dramatisation sur l'accord social ayant tourné court, il faut trouver autre chose.

Rosine, que peut-on faire ?
Enerver suffisament les parlementaires socialistes pour que ceux-ci entrent en conflit (et fassent son jeu). Pas très drôle, et pas le bon timing.
Relancer une polémique avec l'UIMM ? Risqué mais une bonne vieille guéguerre industrie -services, c'est toujours savoureux.
Se victimiser ? Pourquoi pas (en utilisant l'existence de ce blog par exemple et des vidéos). Pas sûr que cela suffise, vus les mails que je reçois de tous côtés.

Non, Laurence, le plus simple est de décrédibiliser ses adversaires déjà déclarés et d'empêcher de nouveaux d'émerger (technique 2010). Ca, c'est le boulot de Pébereau / Méaux et Bourry...  A voir si Roux de Bezieux se lance lundi soir comme cela se susurre, et si St Geours y va (peu de chance). En attendant, il faut demander à la presse de continuer à faire la petite musique de "il n'y a pas de candidats de poids" (certains journalistes s'y emploient visiblement avec délectation)...

A suivre !


vendredi 8 février 2013

Ca se passe comme ça, en MEDEFIE


En ce moment, en MEDEFIE, tout prend un sens très particulier. Dernier exemple en date, le départ subit (ou subi ?) du responsable informatique. Ni une, ni deux, La Reine Lolo décide de faire des économies et de ne pas le remplacer pour l’instant. Du moins pas directement. Bonne initiative que de faire des économies !
Et c’est vraisemblablement le Secrétaire général qui devrait assurer l’intérim (au moins jusqu’à juillet en tout cas). Bon j'en vois au fond qui ne suivent pas.
 
Pourquoi le SG me direz-vous ? Simple : c'était l'ancien directeur informatique du MEDEF avant d'avoir des promotions fulgurantes vers le poste de DRH puis de Secrétaire général. (http://www.lepoint.fr/economie/medef-07-10-2010-1249259_28.php)
C’est un proche de la Reine et il vient de l’IFOP. Ca y est, vous suivez ?
 
Eh bien, figurez-vous que c'est dingue, mais cela n'a pas suscité l'enthousiasme des sujets en interne. Je peux vous assurer que plus personne n'envoie de mails à caractère un peu personnel (plus personne n'envoie de mails en résumé).
 
Dans le même ordre d’idée, les adhérents commencent à ricaner sérieusement (les méchants) quand ils reçoivent les annonces du réseau et les synthèses de la presse que la communication de la MEDEFIE transmet régulièrement. Jamais aucun mot sur les autres candidatures, les polémiques, etc. Tout va bien en MEDEFIE. Qu’on se le dise ! La blague qui circule est : « Il a fallu attendre la fin du second mandat de Laurence Parisot, pour revivre les meilleures heures de la Pravda. » Bon, ce n’est pas trop drôle, mais on est dans la patronat… Ca a aussi un petit côté « revival » sympathique.

dimanche 3 février 2013

La campagne de terrain


L'ambiance au sein du MEDEF s'est refroidie d'un coup ces derniers temps. Il semble que LPP n'ait pas apprécié le Blog de LP. 
La thématique de la semaine en interne au MEDEF a donc été "qui est LP" ?
Heureusement qu'on peut rire un peu avec les excellentes vidéos parodiques publiées recemment sur Youtube par un certain MEDEFinsider. Merci l'ami(e) ! Je me sens moins seule.

Péripéties sans importance me direz-vous ! Certes, mais compliquées à vivre avenue Bosquet où plus personne n'ose prendre son téléphone pour envoyer un SMS de peur qu'on croit qu'il (elle) est en train de twitter.

En ce froid weekend, revenons au fonds : quelle est la situation dans la course au graal présidentiel Medefien ?

D'abord, un constat : LPP n'a renoncé à rien, quelles que soient les rodomontades des uns et des autres. Après avoir "séquestré" le comité statutaire pour qu'il lui trouve une solution intéressante (on attend avec impatience la solution trouvée – vous allez l’adorer), la contre-attaque porte désormais sur les MEDEF territoriaux dont beaucoup ont exprimé une "incompréhension" à l'idée de changer les statuts.

Donc, subitement, il est devenu urgent pour le MEDEF d'aller expliquer l'accord social aux PME de terrain. Et hop, le cabinet de Lolo appelle tous ceux qui ont l'air de flancher, mais restent loyaux, pour proposer un déplacement d'explication de l'accord (et pourquoi il faut changer les statuts). Bizarrement, les négociateurs de l'accord (Bernasconi en tête) ne sont pas partie prenante des déplacements. Lolo, oui en revanche.

N'oublions pas que, si le Comité statutaire valide le changement de statut (le suspense est faible), puis si le conseil exécutif vote oui (les jeux sont plus ouverts), il faudra encore avoir une AGE avec un vote positif de plus de 2/3 des voix. Dans ces conditions, chaque voix compte. D'autant qu'il ne faut pas trop attendre pour escamoter l'élection, sinon, un de ces jours la question des conditions de l'organisation de celle-ci va devoir apparaître à un Ordre Du Jour du conseil executif.

Deux stratégies sont possibles pour Lolo :
- le sprint. C'est-à-dire : essayer de passer en force au Conseil Exécutif du 18 février, persuadée que si l'obstacle est franchi, l'AGE ne sera qu'une formalité. Il  suffit de la convoquer fin mars et de développer un tour de France d'explication de l'accord social (et de la nécessité de changer les statuts). Comme Lolo sait y faire, ça peut marcher. En plus, ça empêche les potentiels concurrents de vraiment développer leur programme et leurs idées (de toutes les façons, il n'y aura pas d'élection).
- la montre. Attendre le Conseil Executif de Mars pour mettre la question du changement des statuts à l'ordre du jour. En espérant qu'une actualité quelconque permette de reprendre la main et de se poser comme garante du monde patronal. L'avantage est qu'on commence à avoir un temps très réduit pour organiser une élection, donc ça devient : "après moi le déluge". Le problème est que les concurrents ne vont peut-être pas attendre indéfiniment et que ça leur laisse aussi du temps pour s'organiser.

Mais que font les autres protagonistes ? Eh bien, bizarrement, ils semblent attendre. Résumons :
- Volot s'agite sporadiquement dans la presse, mais on ne voit pas bien ce qu'il propose.
- Gattaz, après une entrée en fanfare, a disparu des écrans radars. Ah non, je suis mauvaise langue, il a commencé à twitter vendredi. 
- Hervé Lambel a son site de campagne. Merci.
- Bernasconi et Geoffroy Roux de Bézieux, point de nouvelles. Les deux disent qu'ils vont se lancer, mais semblent hésitants à savoir s'il faut y aller avant ou après le 18 février. En effet, on saura alors s'il y aura élection ou pas. Cela dit, à trop attendre, on finit par laisser passer son tour...Rappelons qu'en 2010, Geoffroy nous avait déjà fait le coup...
- Saint Geours, voir mon précédent billet. Visiblement cela va être compliqué avec PSA. Donc autant laisser LPP faire son pustch et viser 2015 (surtout que la limite d'age aura été levé exprès pour lui).
- Laurence Parisot a son blog à sa gloire (en plus de celui du MEDEF je veux dire). A ce propos, personne ne semble s'offusquer du mélange des genres.


Les liens :
http://www.youtube.com/user/MedefInsider?feature=watch
http://www.herve-lambel.fr/
http://www.laurence-parisot.com/