dimanche 21 avril 2013

Petite chronique d'une campagne (presque) ordinaire et des comptes du MEDEF...


J’ai bien senti une inquiétude chez mes lecteurs, attentifs au silence de mon blog. Pas d’inquiétudes, non, je n'ai pas été séquestrée dans le parking du MEDEF, voici mon billet hebdomadaire après quinze jours denses.

Que s’est-il passé depuis 15 jours ? En fait, tout s’est concentré la semaine dernière :

-          Lundi 15 avril, grosse journée. L’un des candidats (Pierre Gattaz, dit Pierrot) organisait une soirée de campagne / soutien à la Mutualité (euh ?). Le point amusant, c’est que des instructions très claires ont été données aux permanents du MEDEF : interdiction d’y aller. Officiellement pour ne pas prendre parti. Et, d’après ce que je sais, dans la salle, les instructions ont été suivies. Sauf par les prestataires du MEDEF qui eux, étaient présents (faut bien savoir ce qui se passe). Cela a donné lieu à quelques passes d’armes de twitt amusantes à suivre. La presse semble en revanche avoir décidé que Gattazou serait le candidat poujado-droite (et multiplie donc les articles sur ce thème). L’utilisation du mot « combat » dont il a fait un usage immodéré au départ. Bon, cela dit, il ne fait rien pour arranger les choses – il a même subtilement changé son slogan de campagne passant d’un assez neutre « osons l’entreprise » à un plus revendicatif « libérons l’entreprise ». C’est certain que c’est plus clair, mais pas forcément moins à droite…
-          Par conséquence, Jojo (Geoffroy Roux de Bezieu), à qui l’on peut désormais décerner le titre de BogoBobo en chef (Beau Gosse, Bourgeois Bohème) a en urgence publié / fait fuiter sa liste de 300 soutiens de patrons (avec l’aide active de Marc Landré son afficionados Figarien). Problème, d’après ce qui se dit, certains « soutiens » n’étaient même pas au courant qu’ils étaient sur la liste (et certains ne le voulaient pas). Pas grave, Jojo, ce qui l’intéresse, c’est de communiquer et de passer dans les média. Le réalité ou le fond du message, c’est pas son problème… Rebondissements à suivre ??
-          Mardi 16 avril. Assemblée Générale du MEDEF. Approbation des comptes. Et là, du pur bonheur. Un numéro extraordinaire de ShiShi (le trésorie, Schilansky) et de la Reine. Alors, ShiShi (je résumé) : « En 2011, nous avions eu un déficit exceptionnel de 30 000 euros essentiellement dû à l'organisation du B20. Cette année, nous revenons à un solde positif de 300 000 euros. Nous avons eu des dépenses stables, et des cotisations en hausse de 500 000 euros. La hausse des cotisations est liée au fait que certains nouveaux adhérents arrivent en année pleine. Bref tout va bien, les comptes du MEDEF sont solides, rigoureux, transparents... »
Euh, vous avez suivi ?
Moi j'ai un peu de mal. Je résume : en 2011, nous avons le B20 qui a coûté environ 1 million d’euros (960 000 euros d’après les comptes 2011). Malgré cela, on termine avec un petit déficit -30KE. En 2012, on a des cotisations qui augmentent, des dépenses « stables », exit le B20 à financer et… ben on termine juste à + 300KE. Euh, coco, tu es certaine de toi là ? Je sais que t’es une littéraire, mais quand même.

Alors, quand on regarde les comptes, on apprécie les « dépenses stables » puisque hors B20, celles-ci passent de 36,21 millions à … 37,47 millions (+3,4%). Attention, la subtilité est de ne pas se baser uniquement sur le rapport 2012 et son comparatif de colonne 2012/2011. En effet, dans un souci de « transparence » qui honore Shishi, la colonne 2011 intègre dans les dépenses, sans les détailler, celles du B20… on peut donc afficher sans rire que les dépenses 2012 sont à 37,47 millions d’euros, alors que celle de 2011 à 37,17 millions d’euros, d’où la stabilité. Vous suivez les enfants ? Alors, qu’est-ce qui augmente ?
Simple : les salaires et charges qui passent tout de même de 25,21 millions d’euros en 2010 à 25,68 millions d’euros en 2011 (+1,8%), puis 26,47 millions d’euros en 2012 (+3%). Ben, ce n’est pas que de l’augmentation pour les permanents (je vous le confirme). Alors ?? Et autre poste de dépense qui explose : les « opérations spéciales » (c’est pas beau ça !). Eh oui,  on passe de 1,91 millions en 2011 à 1,94 millions en 2012, sauf que le chiffre 2011 intègre… le fameux B20 (donc 0,96). En vrai, ca donne : 1,05 millions en 2010, à 0,95 millions en 2011 et… 1,94 millions en 2012. Plus qu’un doublement… Reine, oh ma Reine, c’est quoi des « opérations spéciales » ???
Pour ceux que ça amuse :

-          Jeudi, UIMM et FFB. Audition des candidats. Surprise : JCV (Jean-Claude Volot, pas Vandamme) se retire en faveur de Pierrot Gattazou (Le jour de l’audition à l’UIMM, et dans Les Echos, c’est pas très fin quand même…). Bon, le résultat, vous le connaissez : la FFB ne dit rien (mais va soutenir du bout des lèvres Berni, même si d’après ce qui se dit, il n’a pas été bon). L’UIMM, on a eu le résultat : Pierrot (Gattaz) : 149 voix, Freddy (Frédéric St Geours) : 69 voix, Jojo (Roux de Bezieu) : 5 voix. Ce qui frappe : le zéro pointé de Berni (Bernasconi) alors qu’il se positionnait un peu comme Freddy en champion du dialogue social et qu’il a travaillé avec l’UIMM sur l’accord « historique » (c’est pas gentil de ne pas soutenir ses amis). Le 5 pour Jojo, qui correspond en fait au vote d’une personne ayant 5 voix (histoire d’énerver tout le monde). La raclée de Freddy puisque les permanents en étaient réduits à collecter les pouvoirs en blanc pendant la pause du déjeuner pour qu’il ne soit pas trop sèchement battu. Conclusion : le MEDEF de combat a gagné…

Et sinon pour finir, cette semaine la Reine a multiplié les conciliabules avec les derniers des mohicans afin de trouver un moyen désespéré pour peser sur l'élection. La dernière trouvaille en date c'est de lancer des rumeurs de nouvelles candidatures. (Une femme, un homme). A part les derniers relais fidèles d'Anton, la sauce ne semble pas vraiment prendre. A suivre.

Le MEDEF est un monde impitoyable…


dimanche 7 avril 2013

Le Royaume des Ambitions, des petits mensonges et des Rumeurs.



La Reine n’ayant pas réussi à convaincre les vassaux de lui accorder l’élixir de longévité, elle s’est retirée dans ses appartements et regarde (énervée et un peu amusée mais pas découragée) le bal des ambitions se dévoiler.

Car, maintenant que la Reine s’efface, les plus courageux se lancent en tonitruant d’autant plus qu’ils ont du temps à rattraper. Cette semaine, nous avons donc eu droit à un tir groupé de Paaaatrick Bernasconi (dit Iago) -jeudi- et Frédéric St Geours (dit Fredy) -vendredi-. Comme ils sont un peu formatés pareils (ou ont les mêmes communicants), ça a pris la forme d’une belle interview dans… Le Figaro (original). En fait, la précipitation de l’annonce et la similitude tant des formes, des discours et des profils des deux candidats a créé un effet d’optique intéressant pour les lecteurs du Figaro (j’en suis, j’avoue). Une sorte de répétition à 24h près (genre « un jour sans fin » version MEDEF – l’horreur, je préfère le jour de la marmotte).

L’originalité de l’interview est venue (effet Cahuzac ? peut-être) des questions sur leurs rémunérations. Et là, courage fuyons, demi vérités et petits oublis :

-          D’abord Paatrick, qui déclare sans rire dans le Figaro, à la question « combien gagnez-vous ? » : « Dans mon entreprise, 5000 euros net par mois, sans prime ni dividende. ». Euh ? Alors, là, ça a laissé plus d’un membre du patronat sans voix, mais légèrement sceptique. D’ailleurs, le lendemain, sur Europe 1, Elkabach est revenu dessus et a posé la question insidieuse « Vous n’avez pas d’autres revenus ? ». Réponse un peu plus embarrassée de Paaatrick : « je n’ai pas de comptes en Suisse » (euh, c’est pas la question, coco), puis lâche : « j’ai d’autres entreprises, j’ai d’autres mandats. Ma déclaration d’impôts 2011, elle est claire, c’est 200 000 euros. ». Oui, d’accord, jusqu’au prochain épisode. On n’est quand même pas tout à fait à 5000 euros net par mois, c’est juste 2,5 fois plus, ou je ne sais plus compter…
-          Ensuite, le vendredi, Fredy a eu droit à la même question (dit donc, le Figaro, ils se prennent pour des socialos ou quoi ?). En passant, on remarquera que le Fredy, lui, se prend pour le Président de la France et veut faire des économies de 100 milliards d’euros grâce au dialogue social (euh, coco, on peut éviter de prendre les lecteurs pour des buses, s’il te plaît). Revenons à la question « Combien gagnez-vous ? » (si, si la même que pour Paaatrick), réponse « 44.000 euros net par mois pour la partie fixe, dont 20.000 euros versés au titre de l'impôt sur le revenu. » A mon avis, il faut virer les communicants. Croire que personne n’est capable de trouver tout seul de 44KE net par mois, ça doit faire du 740 KE brut annuel (et encore, il est peut-être payé sur 13 ou 14 mois), et mélanger allégrement avec l’impôt pour faire pleurer, c’est un peu pathétique. Quant à ajouter : « J'ai une part de rémunération variable à laquelle nous avons renoncé chez Peugeot depuis plusieurs années. », c’est ne pas avoir lu l’usine nouvelle qui indiquait dans son portrait : « En 2011, il a perçu 1 266 000 euros, mais cette rémunération a dû baisser de moitié l’an passé, car le directoire ne se verse plus de variable depuis l’exercice 2011. » On appréciera le « plusieurs années »…

Bien, alors, maintenant que Le Figaro se prend pour Libération, j’espère qu’ils vont poser la même question à tous les candidats et à La Reine (il n’y a pas de raison)…

Sur la partie Rumeurs, je ne peux résister au plaisir de vous donner celles qui courent dans le Royaume actuellement (La Médéfie est tout de même le Royaume des rumeurs). Alors :
-          Sur le passé : le vote du CE qui a abouti au fameux résultat du 22, 22, balle au centre, n’aurait pas été aussi exemplaire que cela. D’aucuns s’étonnent d’un seul bulletin blanc, alors que plusieurs votants avaient indiqué en plus ou moins privé, leur intention de voter blanc. Bref, depuis, le Royaume bruisse des rumeurs contradictoires de manipulations, fraudes et autres manœuvres électorales. L’intérêt c’est qu’avec ce résultat, aucun des deux camps n’a envie de remettre le sujet à l’ordre du jour, donc la rumeur devrait s’éteindre d’elle-même.
-          Sur le futur : il se constate que les conditions de l’élection, et notamment le dossier de candidature n’est toujours pas formalisé. Or, il faudra recueillir 50 signatures « de membres de l’AG ayant voix délibérative », c'est-à-dire les personnes désignées par les Fédérations ou les Territoires pour voter (il y a souvent le président du territoire ou de la Fédé, mais pas seulement). Et alors ? Eh bien, avec une élection au plus tard le 1er juillet (date de celle de 2010) et deux mois de campagne, il faudra avoir remis le dossier complet avant le 1er mai (donc le 30 avril). Résumons : le CE exceptionnel ayant écarté la Reine date du 28 mars, on est le 6 avril, et rien n’est sorti. Question : sont-ils mauvais ou est-ce volontaire ? Quel intérêt me direz-vous ? Simple : écarter les « petits » candidats, ceux qui vont vraiment aller à la pêche aux signatures parce qu’ils ne sont pas président de fédération : Lambel, Volot, Lanxade. S’ils n’ont pas la liste, ils ne peuvent pas commencer à démarcher et comme il faut du temps et que le mois d’avril va être tronqué par les vacances d’avril (les vacances scolaires de la zone B commencent le 13 avril, celle de la zone A le 20, et celle  de la zone C, le 27)… Si c’est vrai, c’est méchant… Mais ça ne déplait pas aux quatre autres (dont il se dit, et c’est la troisième rumeur) que certains des quatre auraient déjà cette liste et auraient commencé à récolter les signatures (voir rumeur suivante). Non, ça, je ne peux pas y croire. A moins que ce soit la manière qu’ait choisi la Reine de jouer son rôle de « garante de l’élection »…
-          Sur le présent, c’est l’interrogation forte au MEDEF sur la candidature de Paatrick : son surnom est-il Iago ou Medvedev ? en d’autres termes, est-il le traître flamboyant d’Othello (contrairement à ce que j’ai entendu dans les couloirs du MEDEF, je ne pensais pas au perroquet du dessin animé Aladdin en écrivant cela), ou est-il la marionnette de La Reine Poutine ? La question peut se poser depuis que La Reine ne semble pas lui tenir rigueur de sa défection et que les communicants du MEDEF s’activent en sous-main. Ca devient compliqué à suivre ? Et encore, je ne vous parle pas de l’hypothèse d’un accord secret Bernasconi-St Geours pour contrer l’hydre libérale Gattaz-Kessler… Ce sera pour la prochaine fois.

A suivre.

lundi 1 avril 2013

Les forces en présence



La Reine forcée à se retirer (provisoirement) du jeu, analysons les forces en présence dans le jeu du Go de l’élection MEDEF. Rassurons néanmoins les lecteurs de ce Blog, personne ne croit sérieusement que la Reine est hors-jeu. Elle s’est (temporairement) effacée, mais son retour (probable) n’en sera que plus triomphant !

Alors, qui, quoi, quand ?

A tout seigneur, tout honneur : Frédy St Geours, Patron de l’UIMM, salarié de PSA, énarque, ancien de cabinets sous des gouvernements de Gauche. Bref, que des qualités pour présider le MEDEF. Il ne manquerait plus qu’il soit fonctionnaire détaché pour parfaire le tableau. Autre intérêt : une vision essentiellement sociale des questions (la marque de fabrique de l’UIMM). Pour ceux qui voulait un MEDEF centré sur les questions économiques, c’est loupé. A titre personnel, j’envisage de transformer mon bureau en panic room, parce qu’avec lui on risque de voir souvent la CGT Aulnay envahir les locaux.

Paaaaatrick Bernasconi. Chef d’entreprise, patron de la FNTP, négociateur social de l’accord dit « historique », fan des dépenses publiques (faut dire, son entreprise en vit), urbain et sympathique (si, si). Là, c’est mieux, mais encore une vision très sociale, peu économique et largement dépendant des dépenses publiques (donc soumis potentiellement aux pressions de l’Etat).Surtout son positionnement vis-à-vis de la Reine n’est pas très clair. Et si c’était lui le Medvedev qu’attendait la Reine ? (il lui en faudra un). On se souvient qu’il avait d’abord déclaré qu’il ne se présenterait pas si Lolo rempilait (courage, fuyons). Au dernier moment, alors que les chances de la Reine diminuaient fortement, Bernarlermit s’était subitement prononcé contre la réforme des statuts. Juste à temps pour ne pas ruiner totalement ses chances en cas de vote contre. 
Pas sûr que la Reine le lui pardonne.

Geoffroy Roux de Bezieux (dit Jojo). Serial entrepreneur, beau gosse (moi, j’aime bien), vaguement dilettante, adorant les média (et adorant surtout se montrer). Le genre « j’achète, je vends », fan de schumpeter (et de la destruction créatrice). Bref, archétype de l’entrepreneur « nouvelle économie » : l’entreprise vue comme un moyen de s’enrichir vite, plus que comme une création de richesse collective. A d’ailleurs revendu ses boites plutôt que de les développer (cf phone House). C’est pas ça qui va redorer le blason des entrepreneurs.

Pierre Gattaz (dit Pierrot). Mono entrepreneur, sympathique (si, si), a développé sa boite dans la durée et plutôt bien (a créé des emplois en France, presqu’un exploit par les temps qui courent). Passe pour un patron radin, mais proche de ses salariés. Très économique, ne comprenant rien aux négociations sociales (et disant que ça ne l’intéresse pas). Bref, l’exact opposé de Frédy. On le dit proche de la droite la moins décomplexée, en tous les cas, libéral dans l’âme (ce qui n’est pas forcément un mal pour le MEDEF). Difficile à suivre quand il parle (trop vite, trop confus). Fils de son père (yvon Gattaz), donc ça ressemble un peu à une dynastie.

Je passe sur les autres « petits » candidats – je les prie de m’en excuser, je sais que ça ne se fait pas, mais je suis un peu pressée ce soir.

Voilà donc pour les candidats déclarés (Jojo et Pierrot) et putatifs (Frédy et Paaaatrick). Bon, et la Reine ? Eh ben, elle a décidé de peser sur l’élection. Comment ? Mais simplement en prenant partie, voir en négociant sa future place (on la connaît), histoire d’attendre un poste politique digne de ce nom. A suivre je vous dis, à suivre…


lundi 25 mars 2013

Miroir, miroir, pourquoi es-tu aussi cruel ?

Vraiment, je n'arrive plus à suivre, l'actualité s'emballe. Alors un second petit post préparé tranquillement :

Nul doute que l’article des Echos paru aujourd’hui est un morceau de choix dans la longue liste des sorties ubuesques de la Reine. Et c’est vrai que l’on rit franchement à la lecture des arguments de plus en plus fantaisistes et contradictoires qui émaillent ses discours. L’échéance approchant et les désistements se multipliant, les communicants n’ont plus le temps de faire dans la dentelle et tout est jeté en pâture sans d’autre priorité que l’urgence de sauver sa peau.

Il reste que cet article, comme d’autres, est intéressant à double titre.

D’abord, même si on commence à en avoir l’habitude, le rôle des journalistes est toujours intéressant à observer. C’est toujours fascinant de constater le jeu du OFF et des rapports entre les acteurs. C’est un poncif mais la presse économique n’échappe pas à la règle de l’édition en général : on ne décrypte jamais les propos de la personne interviewée. D’abord parce que les dits interviewés feront toujours jouer la concurrence pour obtenir une tribune sans risque. Mais surtout parce qu’il sera toujours temps de faire un autre article de décryptage dans une prochaine édition. Pourquoi livrer le scoop et l’analyse dans la même édition alors que le mode feuilleton garantit un tirage régulier ?

L’autre enseignement de cet article, c’est de voir à quel point la stratégie de communication de La Reine est révélatrice de sa personnalité. A tous ceux qui voudraient comprendre les multiples facettes de LP, je leur conseillerais de lire l’excellente biographie de Fanny Guinochet, qui explique bien des ressorts que certains ne découvrent qu’aujourd’hui.

Dans cet article et dans les déclarations des derniers jours, LP, par ses attaques, nous livre un fascinant auto-portrait. C’est drôle de voir à quel point La Reine s’évertue à accuser les autres candidats de ses propres turpitudes. Comme si consciemment et inconsciemment, elle cherchait à s’immuniser sur un mode du « c’est celui qui dit qui est ».
Quitte à accumuler des contradictions flagrantes :

-« Je suis profondément démocrate. La réforme des statuts est nécessaire pour la démocratie ». Bon là je ne m’attarde pas, tout est déjà dit dans mes précédents articles, en particulier sur Napoléon le petit : http://laurepinponmedef.blogspot.com/2013/02/nom-de-code-rubicon.html

-« Je ne me prononcerai sur ma candidature qu’après le vote de l’AG ». Allo ? Allo ? Non mais allo quoi ? L'article du Monde (d'il y a 3 semaines) dans lequel elle se porte candidate est donc un faux ? http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/03/01/laurence-parisot-j-ai-l-audace-d-esperer-pouvoir-etre-candidate_1841159_823448.html

-Parisot « critique certains comportements qui ne laisse rien présager de très bon pour l’avenir du Patronat » et estime ne pas voir «  assez d’indépendance politique chez certains ». Là c’est encore plus dur de garder son sérieux. Par où commencer ? Par les courbettes non récompensées qui ont jalonnées le mandat de Sarkozy, lequel ne respectant rien d’autre que l’adversité, gratifiait la CGPME de ses interventions. Par la défense de Jean Sarkozy lors de l’affaire EPAD. Ou par la stratégie de radicalisation en début de mandat Hollande lors de l’affaire des pigeons lorsque la même CGPME et quelques fédérations préféraient le dialogue constructif avec le gouvernement ?

Quel meilleur moyen pour éviter les comparaisons avec la COCOE de l’UMP que d’accuser ses adversaires d’être instrumentalisés par JF Copé ?  Amusant lorsqu’on pense aux nombreux collaborateurs du MEDEF recrutés ces dernières années dans le giron UMP. Au point que cela en devient génant.

-« Je regrette de voir se multiplier les comptes twitter anonymes » J’imagine qu’elle veut parler de Victoriadiaz100 (voir mon blog). « J’appelle tous les candidats à les dénoncer…aucun ne les a condamné, pas même cette vidéo odieuse à tous égard qui me représente sous le visage d’Hitler » Rappelons qu'au départ son « entourage » laissait croire que cela la faisait rire, pensant qu’il était de bon ton d’en plaisanter en espérant ne pas entretenir le buzz. Loupé ! Aujourd’hui on passe à la phase victimisation, et on reparle de la misogynie, argument d’autorité usé jusqu’à la corde (mais jamais tout à fait faux dans le patronat).

Le plus drôle c’est que finalement sa réaction donne encore plus de corps aux parodies et en particulier celle de la Chute. Car ce qui a fait rire le microcosme germanopratin qui gravite autour du monde patronal, et en particulier dans les couloirs du MEDEF, c’est l’incroyable vraisemblance de la scène. Quiconque a jamais participé à une réunion avec Laurence Parisot sait à quelle  point la parodie est une représentation à peine exagérée de l’ambiance aux 7eme étage. Moins par la référence aux colères légendaires de la Reine que par les regards gênés et les expressions crispées de l’entourage proche, terrifié à l’idée d’apporter une mauvaise nouvelle à la Présidente.

Bon, cela dit, je préfère toujours le dernier petit film sur le MEDEF de la mort...

dimanche 24 mars 2013

Le syndrome Russe et la contre-attaque.

Depuis l’interview du Monde de Patrick Bernasconi, les rumeurs vont bon train. Faisons un point sur les hypothèses envisagées :
1/ L’interview est concertée et la manœuvre à l’œuvre est le plan « Russe ». En résumé : la Reine comprend que c’est plié – elle n’arrivera pas à changer les statuts- et tente un truc type Poutine-Medvedev avec son allié Paaaaatrick. Donc, je vais me retirer, je mets la machine MEDEF à ta disposition pour la campagne, mais tu me laisses au CE, (et tu me donnes une capacité à continuer à apparaître) et dans 5 ans, comme je suis encore là (l’objectif est de garder la machine MEDEF en ordre de marche avec les bonnes personnes au bon endroit), je fais mon retour triomphal. Ce qui accrédite cette thèse ? La personnalité de Paaaatrick, le fait qu’il avait déclaré « si Laurence y va, je lui laisse la place » (en résumé), le fait qu’il soit le seul candidat avec qui elle peut tenter la manœuvre.
2/ La Reine a découvert l’interview sans avoir été prévenue et c’est un lâchage. Dans ce cas, on peut considérer que Paaaatrick en fait beaucoup – il eut été plus élégant de se contenter de faire un communiqué de presse indiquant qu’il allait voter contre. Faire toute une page dans Le Monde pour tacler gentiment (hum) La Reine (et le CE), sans même annoncer clairement sa candidature, ça fait un peu curieux, voire disproportionné. Là, coup dur pour la Reine car le bal des prétendants commence à s’étoffer sérieusement. Problème aussi pour Fredy (SG) qui ne bouge toujours pas pour l’instant.
Alors, Paaaatrick, est-il Medvedev ou Iago ? L’avenir nous le dira…
Bon, vue l’interview des Echos de ce soir, c’est plutôt l’hypothèse 2 qui semble à privilégier. Mais sait-on jamais en Médéfie…
Qu’apprend-on dans l’interview ? Simplement que la Reine est plus combative que jamais, n’a peur de rien, attaque le Pierrot sans le nommer, met la pression sur le Conseil Executif et l'AGE (« Je dirai si je me présente ou non après que le conseil exécutif se sera comporté en organe à l'esprit démocratique, qu'il aura permis aux électeurs de se prononcer sur la réforme, et qu'elle-même aura été approuvée. »), dénonce le comptes Twitter faits pour « tromper les chefs d'entreprise du terrain, désinformer, discréditer, dénigrer, calomnier... » (tout ça en 140 caractères, trop fort !), n’a pas aimé le film des ou du Medefinsider (pourtant, la version officielle précédente disait que ça l’avait fait rire), se pose en pauvre faible femme (le mot est lâché : misogynie – bon, là, je ne lui donne pas tout à fait tort).
Ah, la 5e video de Medefinsider a visiblement migré sur Dailymotion, et j’avoue, je l’aime bien (pour les autres, certaines étaient moyennes à mon avis) :
Bon film !

mercredi 20 mars 2013

Viva la démocratie en Médéfie


Finalement, cette élection MEDEF est encore plus passionnante que dans mes espoirs les plus fous. Que de rebondissements en perspective ! Car je vous rassure, rien ne s’arrêtera le 28 mars, mais ça, je vous expliquerai pourquoi dans un prochain post…

Pour l’instant, penchons-nous un peu sur le fameux texte transmis aux membres du Conseil Executif sur lequel ils doivent voter. Constatons tout d’abord que, conformément à l’esprit de transparence qui souffle dans la royaume du MEDEF, c’est… la presse qui a eu les primeurs de l’avis du comité Statutaire (celui-ci a été diffusé à l’issue du point de presse de La Reine, alors que les membres du CE ne l’avaient pas eu la veille). Eh oui, informer d’abord la presse avant ses instances de décision est le signe d’une démarche démocratique éclairée au sein du royaume. Euh, à propos, on n’avait pas dit qu’on n’utilisait pas les moyens du MEDEF pour faire sa campagne ? Ah, oui, suis-je gourdasse, on s’en fout. La Reine a toujours raison, donc la vérité change selon sa parole…

Alors, le texte :

Projet de résolutions à l’attention du Conseil exécutif du 28 mars 2013

Après avis du Comité statutaire et après débat au Conseil Exécutif, les modifications suivantes des statuts du Medef sont soumises au vote de l’Assemblée Générale Extraordinaire convoquée le [16 avril 2013].

Le décodage :

Pour mémoire, le Président du Comité statutaire, Georges Drouin, a passé la matinée précédent le Conseil Exécutif (donc le lundi 18 mars au matin) au service presse du Medef, et notamment avec le chef de ce service, pour préparer sa conférence de presse post-Conseil exécutif. Conférence convoquée dans l’après-midi en catastrophe pour faire croire que Georgie avait décidé de parler de manière impromptue à la presse. Et le principe de la Conf de Presse pour le Président du Comité Statutaire, ça a été validé par le CE ? Certain ? On peut vérifier dans le compte-rendu ? Le quoi ? Ah non, c’était une décision impromptue, prise sous le coup de l’émotion et répétée toute la journée…

Moralité : les résolutions étaient donc déjà largement connues de La Reine avant qu’elles ne soient présentées au Conseil exécutif (ce qu’elle a nié en Conseil).
Dans le même ordre d’idée, la convocation à une AG le 16 avril a été faite le matin du Conseil Exécutif – officiellement, il s’agissait de l’AG de validation des comptes. Tiens, il ne fallait pas attendre le Comité Exécutif ? Euh, tu ne veux pas non plus respecter les adhérents en plus ?


Résolution n°1 : MANDAT DU PRESIDENT (article 15 des statuts).

Exposé des motifs

Afin d’inscrire la présidence du MEDEF dans le temps long nécessaire à l’exercice de ses missions, il est proposé que le mandat à la Présidence du Medef soit d’une durée de 5 ans.
Afin de renforcer la dimension démocratique de l’élection à la Présidence du Medef, il est proposé de supprimer la possibilité d’un deuxième mandat plus court, actuellement prévu de 3 ans dans les statuts.
Désormais chaque mandat sera le résultat d’une véritable élection ouverte, équitable et transparente où l’Assemblée Générale seule sera souveraine.
Dans cette logique de souveraineté du corps électoral, toute personne satisfaisant aux conditions de l’article 16 et n’ayant pas atteint la limite d’âge pourra se présenter.

Modification proposée :

Remplacer l’article 15 actuellement rédigé comme suit :

« ARTICLE 15 - DURÉE DU MANDAT ET RENOUVELLEMENT

Le Président du MEDEF est élu pour cinq ans par l'Assemblée Générale. Son mandat peut être renouvelé une seule fois pour une durée de trois ans. »,

par la nouvelle rédaction suivante :

« ARTICLE 15 - DURÉE DU MANDAT

Le Président du MEDEF est élu pour cinq ans par l'Assemblée Générale. »            


Le décodage :

Cette résolution permettrait donc à Laurence Parisot de se représenter pour un troisième mandat de 5 ans (ce que les statuts actuels ne permettent pas), après un mandat de 5 ans (2005-2010) puis un autre de 3 ans (2010-2013). Evidemment, d’autres seront encore possibles, puisque le renouvellement est désormais illimité. C’est commode de changer les statuts à quelques semaine de l’élection et de s’appliquer les changements.

J’en profite pour suggérer à la presse, plutôt que de gober ce que dit Georgie et la Reine, de lire un peu l’avis du comité Statutaire et surtout les statuts du MEDEF. On peut lire en effet dans l’avis (p10) que le Comité ne retient pas la notion de prolongation ou de renouvellement de mandat tel que cela avait été aménagé en 1978. De même, Georgie a dit partout que les statuts devaient être renouvelés puisqu’ils dataient de… 1946. Euh, problème, quand on télécharge sur le site du MEDEF les statuts, on s’aperçoit que les statuts datent de… 1998. Ceux qui datent de 1946 étaient ceux du CNPF qui n’existe plus, et en 1998, les statuts ont été revus complètement pour donner naissance au MEDEF. Ne pas savoir de quand datent les statuts sur lesquels on travaille, c’est normal pour un président de Comité Statutaire ? Pour Georgie, oui, visiblement…

Résolution n°2 : LIMITE D’AGE DES CANDIDATS A LA PRESIDENCE (article 16 des statuts)

Exposé des motifs

Afin de prendre en compte l’allongement de l’espérance de vie, il est proposé de porter la limite d’âge, au jour de l’élection, de 65 ans actuellement à 67 ans.

Modification proposée :

Au sein de la première phrase du premier alinéa de l’article 16 actuellement rédigée comme suit :

« ARTICLE 16 - CANDIDATURES

Les candidats à la présidence ne doivent pas être âgés de plus de 65 ans au jour de l’élection. », remplacer « 65 ans » par « 67 ans ».            

Le décodage :

Cela ne change rien pour Laurence Parisot pour l’instant. Cela dit, elle avait annoncé que c’était une question dont elle allait se saisir. Un deal avec un des candidats en vue ??

Résolution n° 3 : ACCOMPAGNEMENT DU NOUVEAU PRESIDENT (article 17 des statuts)

Exposé des motifs

Afin d’améliorer l’efficacité et la continuité de l’exercice de la fonction de Président, il est proposé qu’un temps d’accompagnement permettant la pleine connaissance du Medef et de son environnement soit organisé au bénéfice du nouveau Président élu. Durant une période et selon des modalités définies au règlement intérieur, le nouveau Président élu participerait au Bureau et au Conseil exécutif.

Modification proposée

Ajouter un troisième alinéa à l’article 17 – ELECTIONS :

« La date de l’élection est fixée pour permettre un accompagnement du nouveau Président élu avant sa prise de fonction à l’issue du mandat du Président sortant, selon une période et des modalités définies au règlement intérieur. »

Le décodage :

Curieux ? Non, simple formalité de précaution. Comme rien n’est certain en ce bas monde, il faut envisager de perdre l’élection (l’horreur), même si on arrive à modifier les statuts. Avec cette résolution, la Reine peut rester La Reine encore quelques mois. Car quoi ? Supposons que le Règlement Intérieur propose une période de 6 mois de recouvrement, ce qui semble acceptable. L’élection a lieu en juillet et la Reine perd (inimaginable !). Pas grave, elle pourra se maintenir 6 mois de plus, juste histoire de pourrir la vie de son successeur et d’essayer de montrer que le nouveau est vraiment trop nul et qu’il faut la maintenir. Astuce : le règlement intérieur ne précise pas à ce jour ces éléments, il conviendra donc le modifier également. Et qui en a la responsabilité ? Le Comité statutaire très indépendant (et fin connaisseur des statuts comme on l’a vu) évoqué précédemment… Le tuilage risque de durer 5 ans…

Enfin, outre la question de la période (a-t-on besoin de se faire tenir la main lorsque l’on est président du Medef ?), la question des modalités est tout à fait savoureuse : qui préside réellement ? Qui est le porte-parole ? Qui occupe le bureau du 7ème étage et rencontre le Président de la République et le Premier Ministre ? Autant de belles empoignades en perspective… Le patronat va être apaisé…

Résolution n° 4 : AUTRE MODIFICATION STATUTAIRE (article 13 des statuts)

Exposé des motifs

Afin de renforcer le caractère démocratique du fonctionnement du MEDEF, il est proposé qu’au Conseil Exécutif, soit proposé de droit, au sein du collège des 10 personnalités, tout candidat ayant recueilli plus de 15 % des suffrages exprimés au 1er tour de l’élection du Président.

Modification proposée

Remplacer le troisième point du premier alinéa de l’article 13 actuellement rédigé comme suit :

« ARTICLE 13 - COMPOSITION, DÉSIGNATION, VACANCE

Le Conseil Exécutif comprend au plus 45 membres :

• le Président élu du MEDEF qui préside les séances,

• 34 membres élus parmi les délégués à l'Assemblée Générale des organisations membres actifs du MEDEF, à la majorité absolue des membres de l'Assemblée ayant pris part au vote personnellement ou par mandataire, selon des modalités fixées par le règlement intérieur :
- 22 membres au titre des organisations professionnelles,
- 12 membres au titre des organisations territoriales,

• 10 personnalités, au plus, élues à la majorité absolue des membres de l'Assemblée Générale ayant pris part au vote personnellement ou par mandataire, sur proposition du Président dont 5 après consultation du Conseil Exécutif. Elles doivent faire partie de l'un des groupements membres actifs de l'organisation. Leur élection au Conseil Exécutif entraîne ipso facto leur participation à l'Assemblée Générale avec voix délibérative et à l'Assemblée Permanente. »,

par la rédaction suivante :

« • 10 personnalités, au plus, élues à la majorité absolue des membres de l'Assemblée Générale ayant pris part au vote personnellement ou par mandataire, sur proposition du Président dont 5 après consultation du Conseil Exécutif. Les candidats à l’élection du Président ayant recueilli plus de 15 % des suffrages exprimés au 1er tour de l’élection figurent de droit parmi ces 10 personnalités proposées. Les autres doivent faire partie de l'un des groupements membres actifs de l'organisation. Leur élection au Conseil Exécutif entraîne ipso facto leur participation à l'Assemblée Générale avec voix délibérative et à l'Assemblée Permanente.»

Le décodage :

Formidable ! Simple précaution également – il faut envisager l’inenvisageable (perdre). Mais là, il suffit de faire plus de 15% (ce qui apparaît une formalité pour la Reine) pour se maintenir au Conseil exécutif, alors qu’elle ne préside ni une fédération ni un Medef territorial. En plus, c’est l’appât pour les candidats qui ne sont pas au CE (Volot, Lanxade, Lambel) et qui ont peu de chance d’être élus : si vous soutenez ma réforme, je vous donne une chance de rentrer au CE. Merveilleux ! (ca semble marcher avec Lambel dont les tweet deviennent pro parisot) En quoi, ce truc est démocratique ? Mystère ! C’est surtout la certitude d’avoir une multiplication de candidats qui vont espérer obtenir plus de 15%.

Cerise sur le gâteau, ce qui est dans l’avis du Comité Statutaire, mais n’est pas soumis au vote du CE (on se demande bien pourquoi), est lié, à cet article : il s’agit de la modification de l’article 9 du Règlement Intérieur qui indique les modalités de représentations lors de l’AG (et en particulier les mandats).  L’avis du CS propose de « limiter les votes mandatés à 5 mandats par porteur à l’occasion des AG. » Et alors ? Simple : quand une Fédération possède plus de 5 votes, par exemple, au hasard l’UIMM (qui a plus de 30 voix), elle devra avoir au moins 7 mandataires dans la salle pour porter les voix. Autant d’occasion de permettre une dispersion des votes alors qu’aujourd’hui, une seule personne peut porter l’ensemble des votes et aller dans le même sens. En faisant cela, mine de rien, la Reine morcelle le pouvoir des plus grosses fédérations et rend plus difficile le vote en bloc. Evidemment, ça, on n’en parle pas en CE et rien n’est indiqué dans les projets de résolution, mais si c’est voté, le Comité Statutaire va le réintroduire dans le Règlement Intérieur en disant : « ben je l’avais dit dans l’avis, et vous l’avez voté… ». N’oublions pas que l’avis du Comité Statutaire, le Conseil Executif ne l’a pas eu (seule la presse l’a reçu), et que le CE n’a eu que les projets de résolutions, donc une information partielle. Merveilleux, je vous dis.

BONUS :

Le vote du 28 mars se tiendrait pour l’instant à main levée, alors que le Conseil exécutif s’est mis d’accord Lundi pour un vote à bulletin secret. Et la justification de la Reine est : « Comme chacun doit porter les voix de sa Fédération, il n’y a pas de raison de se cacher… » Euh, oui, mais avec des raisonnements comme ça, on pourrait aussi tous voter aux élections présidentielles à main levé : chacun peut assumer son opinion non ?  Même dans les pires dictatures, on se contente de bourrer les urnes et on a laissé tomber les votes à main levé. Moi qui croyais que la démocratie était justement de donner la possibilité à chacun de s’exprimer sans avoir à subir de pressions…

Alors moi je dis, vu l’avis, la démarche de ces derniers jours et le délire de la Reine : si vous arrivez à voter à bulletin secret, les gars, vous avez intérêt à ne pas perdre  l’urne des yeux…

dimanche 17 mars 2013

Y-a-t-il encore un patron au patronat ?


Ce qui me fascine dans la séquence Medefienne actuelle est qu’on peut se demander s’il y a encore un patron au patronat. La Reine semble les avoir tous anesthésiés et ils sont prêts à accepter tout (et son contraire) sans broncher.

Reprenons :

-          Le 2 mars dernier, Laurence Parisot exprime sa volonté de rester à la tête du MEDEF. Elle le fait dans Le Monde, lors d’une grande interview après une semaine médiatique chaotique de vrai/pas vrai qui laisse plus d’un observateur sceptique. On y apprend, ce qu’on subodorait depuis un moment, que la Reine ne veut pas se prolonger de 2 ans, mais bien se représenter pour un troisième mandat. Et le titre « J’ai l’audace d’espérer pouvoir être candidate » est une formule aux petits oignons – bravo aux communicants capables de faire passer la Reine pour une jeune fille timide. Pas de soucis me direz-vous. Certes, sauf que cela  fait 3 mois qu’elle dit tout et son contraire (« je n’ai pas pris ma décision », etc.) et que le débat change radicalement de nature. Jusqu’à présent, la Reine disait vouloir corriger une « anomalie » des statuts (qu’elle a elle-même introduite en 2007), maintenant, c’est un troisième mandat qu’elle brigue. Elle dénonce le fait qu’on la compare à Poutine. Elle a raison. Lui au moins avait mis un comparse à la tête de l’empire, pour respecter sa constitution (ses statuts à lui). C’est plutôt à Chavez qui convient de la comparer (mais vue l’actualité, on ne va pas insister). Rappelons en passant que le respect de l’alternance est un des fondements du principe démocratique (ainsi que les limitations de mandats qui évitent toute dérive monarchique- trop tard). Bon, mais le propos n’est pas là, ce qui est surprenant c’est qu’aucun des membres du CE, pourtant prompts à s’émouvoir de tout ce qui risque de mettre à mal « l’unité patronale » ne s’émeut d’une annonce de candidature dans la presse. La moindre des choses aurait été de prévenir le CE avant, mais visiblement, ça passe.

-          Cette semaine, c’est par une dépêche AFP que les membres du CE apprennent comment la procédure de vote va se passer : une intervention du président du Comité Statutaire puis un CE exceptionnel le 28 mars. L’ordre du jour du CE est diffusé le vendredi matin simplement après la dépêche envoyée le jeudi (pour une fois que ce n’est pas le samedi matin). Là encore, personne ne moufte. Ce qui leur semblerait impardonnable dans leurs propres entreprises ou Fédérations apparaît normal dès qu’il s’agit du MEDEF.

-          Samedi enfin, dans le magazine du Monde, grand portrait de Laurence Parisot, « la politique dans la peau ». Du bel ouvrage de communicant. A peine critique. Où l’on comprend finalement que l’hypothèse Parisot arrange pas mal de monde : le PS et le Gouvernement en premier lieu (qui n’a pas envie d’un MEDEF plus combatif), le monde des grands patrons (en partie), etc, etc. Bon timing pour le CE du 18 mars. Tiens, le Monde fait la campagne de la Reine ? Mais que fait Le Figaro ?

Alors que va-t-il se passer dans la semaine ?

Simple :

-          lundi 18 mars Conseil Executif. Le président du comité statutaire va expliquer les conclusions. En gros : on peut changer les statuts et voilà ce qu’on peut faire. Question : est-ce un avis unanime ou majoritaire ? L’info n’est pas claire. Les plus courageux vont prendre de belles postures et dire… bravo, Laurence on t’aime,  mais là, c’est pas possible. Elle va poliment écouter, redire son amour de la démocratie, expliquer qu’elle souhaite se représenter car elle a le plus d’expérience en la période actuelle, qu’elle se sacrifie car c’est un vrai sacrifice d’être présidente du MEDEF (elle est attaquée par des blogs anonymes !), qu’elle se languit de son entreprise, etc. Elle veut respecter la démocratie, c’est pour ça qu’elle propose de changer les statuts (argumentation imparable). Puis, on va passer à autre chose.

-          Le jeudi 28 mars, CE exceptionnel. Là, on verra si les membres du CE arrivent à avoir un vote à bulletin secret. Si oui, le résultat est incertain, si non, la Reine se maintient. Cela dit, même à bulletin secret, ils ont intérêt à être présent au moment du dépouillement et de rendre public le résultat dans la foulée. Sinon…

Eh bien, on est presqu’au bout de l’exercice. Reconnaissons tout de même à la machine médiatique du MEDEF d’avoir réussi à anesthésier les autres candidats (on n’en entend plus parler). Toute la presse se focalise sur le combat de la Reine pour se maintenir au pouvoir. Fascinant…